Le Selvet.

  Le lac des Chèvres                                       

Autrefois source, aujourd’hui lac. C’est aux chèvres que je surgis. A la claire fontaine, je ne m’y baigne plus mais bois de ton eau. Sous les feuilles d’un chêne je me suis fait capter.

Voilà tout est dit, ma source alimente depuis peu un réservoir d’eau potable destiné à un usage domestique et que l’on baptise le lac des chèvres en référence à son lieu dit. Je début donc mon périple à 1031 mètres d’altitude sur la commune de La Terrisse sous les traits d’un grand plan d’eau, ancré dans un paysage unique de hautes terres dénudées propres aux monts d’Aubrac. Et c’est ainsi que je peux fournir dès mes premiers balbutiements les vifs tant recherchés par nos chers pêcheurs de carnassiers. En effet gardons, chevesnes, et autres vairons peuplent abondamment les eaux de ma réserve. A partir du barrage je ne suis qu’un ruisselet dessinant sur  1 km environ, un petit vallon resserré jusqu’au charmant village de Cassuéjouls (923m) que je côtois avant de poursuivre mon excursion serpentant à travers prés et bosquets jusqu'à la paroisse d’Huparlac (857m). Mes eaux s’unissent alors à celles des ruisseaux d’Auriac (8 km) puis du Merlan (4 km), et c’est ainsi que sous le pont de la route reliant Huparlac à Soulages- Bonneval, je deviens une petite rivière sinueuse se dirigeant progressivement et à hauteur de Mayrinhac dans de splendides gorges. Dévergondée, je me révèle à ce moment là, parfois calme, parfois torrentueuse, dans une succession de  petites cascades rugissantes au milieu de gros rochers et offrant ainsi de formidables itinéraires pour nos amateurs de pêche sportive. Mais sous un pont entre Saint-Amans-des-Côts et Saint-Juéry une microcentrale capte une grande partie de mes flots n’accordant  plus dans ce cas que maigre pitance à mes amis pêcheurs. Enfin ma vie s’achève telle qu'elle a débuté sous l’aspect d’un lac, alors que je n’étais que l’affluent de ma grande sœur la Selve, nous unissons dés à présent nos eaux pour alimenter le lac de Maury (591m), à proximité du Hameau des Tours.

Autrefois affluent aujourd'hui lac. C’est aux Tours que je trépasse. Sous les feuilles d’un saule pleureur, j’ai perdu mon amie sans l’avoir mérité pour un barrage de béton.


 

Pont de cassuèjouls


 

Le Selvet près d'Huparlac


 

Le Selvet sous Mayrinhac


 

Une autre vue du lac des Chèvres